“Laissez les petits enfants venir à moi,
et ne les en empêchez pas ;
car le royaume de Dieu
est à ceux qui leur ressemblent.”
~ Marc 10:14
Je suis sûr que nous pouvons tous nous en souvenir. Nous étions de petits enfants, nous jouions dans la cour près de chez nous avec nos petits amis. Peut-être courions-nous derrière un ballon. Puis, poussés par un petit garçon turbulent, nous sommes tombés et nous sommes blessés au genou. Cela fit mal. Nous avons plongé dans une grande confusion et une vague de douleur et de tristesse nous submergea. Nous restâmes immobile pendant une seconde, perdu, et puis après ? Après, nous avons couru à la maison pour retrouver notre mère adorée. L’amour de notre mère est toujours là, présent, disponible, alors nous avons pleuré et nous sommes plaints pendant un moment, puis quelque chose de magique s’est produit. Sur les genoux de notre mère, nous avons été progressivement consolés et rassurés jusqu’à ce que notre tristesse et notre douleur s’évaporent lentement et disparaissent en un rien de temps. Pourquoi avoir eu tant de chagrin ? C’était une si petite plaie ! Nous sommes alors repartis vers notre terrain de jeu, impatients de continuer nos activités et de retrouver nos petits amis.
Nous nous amusons. Nous nous sentons tellement heureux de faire partie de ce petit groupe et nous hurlons et courons et rions avec un immense plaisir. Mais un grain de sable est venu ruiner ce moment d’idylle et de bonheur intense. Un petit copain, lui-même blessé par une bousculade un peu trop dure, prononça les mots infâmes. “Tu es stupide !”. Il a dit que j’étais stupide ! Encore une fois, nous restâmes figés et fûmes submergés par une vague de chagrin et de colère. C’était très cruel et injuste. Nous voulions pleurer. Donc, encore une fois, nous avons couru dans les bras de notre mère en sanglotant, racontant toute l’histoire. L’amour et la compassion de notre mère sont à nouveau sans limites et elle trouve les mots. Sa voix est comme une fontaine apaisante et en un rien de temps, séchant notre visage mouillé avec nos mains, nous sommes prêts à repartir partager un autre jeu merveilleux…
Avez-vous remarqué ce va-et-vient de l’enfant recherchant l’amour de sa mère ? N’est-ce pas quelque chose dont nous pourrions tirer leçon? J’ai un sentiment de peur à l’intérieur de moi et cela crée une lourdeur dans ma poitrine. Est-ce que je ne peux pas être aussi intelligent que le petit garçon que je fus jadis, et courir vers ce lieu empreint d’amour et d’expansion en moi, qui est la conscience ? Au lieu d‘attendre que cela passe et que cela soit recouvert à nouveau par la prochaine émotion, la prochaine crise. Pourquoi être si paresseux ? Aucune trace de paresse à cet âge où nous courrions encore et encore pour puiser dans cette belle énergie maternelle. Parfois, il n’y avait même pas de raison particulière. Par simple ennui, ou parce que nous n’avions rien de mieux à faire, nous restions dans le giron et la présence de notre mère pour le simple plaisir d’être là.
Soyons donc comme ces petits enfants qui vont et viennent, pour s’immerger aussi souvent que possible dans ce qui est toujours à portée de main, précieux, aimant, généreux bien qu’indifférent, insondable mais chaleureux et précis comme une étreinte peut l’être. Faisons un usage complet et éhonté de notre mère, de ce sentiment d’être qui est toujours à nos côtés, juste derrière chaque expérience, chaque blessure, chaque inconfort. Le petit enfant doit-il faire un effort pour se souvenir de sa mère ? Non, à peine dérangé, il court presque par réflexe vers la source de son bien-être. Ce n’est que dans le bonheur et l’unicité que l’enfant se permet d’oublier la présence de sa mère bien-aimée.
Et pensez-vous que votre mère se soucie de ce que vous lui ramenez ? Rappelez-vous en tant qu’enfant combien de fois vous êtes rentrés à la maison avec quelque chose de sale et de moche, et à quel point vous avez été confiant dans l’accueil de votre mère. Avec quel amour et quel bonheur constants elle acceptait vos cadeaux les plus étranges et les plus désagréables. Il n’y a rien, rien que cette présence aimante n’accueillerait et n’embrasserait inconditionnellement. Que voulons-nous de plus que cet amour absolu ? Et pourquoi diable gardons-nous pour nous-mêmes nos tares les plus inacceptables, nos sentiments les plus sombres ? Il y a une présence ici, dans notre être même, qui sans relâche adoucit et dissout tout ce que nous lui apportons avec sincérité. Soyons donc aussi ouverts que nous l’étions autrefois, donnons tout à notre toujours présente mère bien-aimée. Ce serait vraiment dommage de rester à l’écart.
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Texte de Alain Joly
Peinture de auteur inconnu
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Suggestion :
– Promenade parisienne
– Immatérialité
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